Jean-Pierre CHABROL est né le 11 juin 1925 dans l’école de Chamborigaud (aujourd’hui la mairie), fils des instituteurs Silvin et Noélie Chabrol. Après une enfance heureuse partagée entre le mas familial du Pont-de-Rastel et Alès, où ses parents exercent désormais leur profession, il prend le maquis en 1944. A la libération, il suit l’Armée française jusqu’en Allemagne et en Autriche. Démobilisé, il vit à Paris où il gagne ses premiers sous comme dessinateur à l’Humanité. Bientôt, il se fait remarquer par la qualité de ses chroniques et on lui confie la rubrique des faits divers et des reportages. Après un voyage à Berlin, il écrit son premier livre, La dernière Cartouche. C’est l’époque où il quitte le Parti Communiste et le journal l’Humanité. Il publie un premier Roman situé en Cévennes, Un homme de trop, sur le sujet de la Résistance. Costa Gavras en fait un film réunissant des acteurs prestigieux. Le succès littéraire vient avec « Les fous de Dieu », l’histoire des Camisards dans les Cévennes, suivi de la trilogie des « Rebelles », l’histoire de son village dans les années 30. Lors d’une intervention à la télévision, on découvre les talents de Jean-Pierre Chabrol pour le conte. Avec la série des « conteurs » il marque son époque. En 1968, il retourne en Cévennes où il s’installe dans le vieux mas. Il enchaine des émissions de radio, des reportages, des pièces de théâtre, des livres. Au début des années 80, il perd sa jeune épouse, Claudine. La vieille maison, le village mourant lui pèsent désormais, il remonte à Paris.
Une nouvelle carrière va commencer : c’est le spectacle de contes monté avec son ami Alain Mollot, avec lequel il parcourt la France et le Monde. Pendant quinze ans, il présente trois spectacles, Chabrol joue, La Folie des Miens et Les soirs d’été, dans plus de 600 salles. En 1995, il retourne définitivement en Cévennes. Sa santé l’oblige à ralentir son activité de conteur, mais il écrit ses derniers grands livres : « Le Bonheur du Manchot », « La Banquise », ainsi que deux volumes de contes. Son dernier roman, « Le Muet », sera sa résistance contre la mort. Il s’éteint en Cévennes, le 1er décembre 2001.
Le texte suivant a été écrit en 1962 pour une émission de radio, « Tendre et violente Cévenne », c’est la réaction du jeune Cévenol qui, à Paris, découvre que son cher petit pays n’est pas connu là-bas : - Les Cévennes… où c’est ? On me l’a posée bien souvent, cette question, on me la pose encore. Longtemps, elle m’irrita, mon amour-propre en souffrait, en souriait aussi, comme, celui de Picasso si, supposition absurde, un préposé lui demandait d’épeler son nom. J’eus bientôt toute une série de réponses toutes prêtes, une sorte de tirade, un pied-de-nez. De la vulgarisation la plus vulgaire : « vous voyez le Massif Central ? Vous voyez la Méditerranée ? à mi-chemin par le chemin le plus court, la ligne droite… » Du technique amer pour ignorants susceptibles : « vous connaissez Nîmes ? Bien sûr… quand vous quittez la Cité romaine en direction du nord-ouest, avant d’arriver au Puy, vous connaissez ? Naturellement ! Vous traversez tout un fourmillement de montagnettes désolées, quelques villages dépeuplés que personne ne connaît. Les Cévennes sont ce désert où personne ne passe, dont personne ne parle, vous voyez, il n’y a pas de honte… » De la poésie pratique pour les simples biens intentionnés : « Les Cévennes, c’est quand le Massif Central met les pieds dans le plat, ce sont ses gros orteils qui se tendent vers la Méditerranée, pour voir si l’eau est bonne entre Sète et Marseille… » Du touristique moralisant pour vacanciers communs : « au lieu de dévaler à 150 la trop fameuse Nationale 7, prenez donc à droite après Moulins, par Thiers et la Chaise-Dieu et vous m’en direz des nouvelles ! Si vous connaissez déjà la Côte d’Azur, il y a un endroit où vous aurez envie de vous arrêter, en sachant ce qui vous attend deux cents km plus loin, cet endroit, c’est les Cévennes. » De l’orgueil ancestral pour le curieux historique : « Comment, vous ignorez ça, vous ! Mais les Cévennes, c’est le petit pays devant lequel le Roi Soleil dut mettre les pouces ! » ou, mieux : « utilisez le De Bello Gallico, mon cher, Jules César vous renseigne… Et bien d’autres, devenues machinales, et qu’on ne me laisse pas oublier, hélas ! si bien qu’il m’arrive de répondre : « Où sont les merveilleuses Cévennes ? Je ne vous le dirai pas, si trop de gens le savaient, elles ne seraient plus ce qu’elles sont ! »
Une nouvelle carrière va commencer : c’est le spectacle de contes monté avec son ami Alain Mollot, avec lequel il parcourt la France et le Monde. Pendant quinze ans, il présente trois spectacles, Chabrol joue, La Folie des Miens et Les soirs d’été, dans plus de 600 salles. En 1995, il retourne définitivement en Cévennes. Sa santé l’oblige à ralentir son activité de conteur, mais il écrit ses derniers grands livres : « Le Bonheur du Manchot », « La Banquise », ainsi que deux volumes de contes. Son dernier roman, « Le Muet », sera sa résistance contre la mort. Il s’éteint en Cévennes, le 1er décembre 2001.
Le texte suivant a été écrit en 1962 pour une émission de radio, « Tendre et violente Cévenne », c’est la réaction du jeune Cévenol qui, à Paris, découvre que son cher petit pays n’est pas connu là-bas : - Les Cévennes… où c’est ? On me l’a posée bien souvent, cette question, on me la pose encore. Longtemps, elle m’irrita, mon amour-propre en souffrait, en souriait aussi, comme, celui de Picasso si, supposition absurde, un préposé lui demandait d’épeler son nom. J’eus bientôt toute une série de réponses toutes prêtes, une sorte de tirade, un pied-de-nez. De la vulgarisation la plus vulgaire : « vous voyez le Massif Central ? Vous voyez la Méditerranée ? à mi-chemin par le chemin le plus court, la ligne droite… » Du technique amer pour ignorants susceptibles : « vous connaissez Nîmes ? Bien sûr… quand vous quittez la Cité romaine en direction du nord-ouest, avant d’arriver au Puy, vous connaissez ? Naturellement ! Vous traversez tout un fourmillement de montagnettes désolées, quelques villages dépeuplés que personne ne connaît. Les Cévennes sont ce désert où personne ne passe, dont personne ne parle, vous voyez, il n’y a pas de honte… » De la poésie pratique pour les simples biens intentionnés : « Les Cévennes, c’est quand le Massif Central met les pieds dans le plat, ce sont ses gros orteils qui se tendent vers la Méditerranée, pour voir si l’eau est bonne entre Sète et Marseille… » Du touristique moralisant pour vacanciers communs : « au lieu de dévaler à 150 la trop fameuse Nationale 7, prenez donc à droite après Moulins, par Thiers et la Chaise-Dieu et vous m’en direz des nouvelles ! Si vous connaissez déjà la Côte d’Azur, il y a un endroit où vous aurez envie de vous arrêter, en sachant ce qui vous attend deux cents km plus loin, cet endroit, c’est les Cévennes. » De l’orgueil ancestral pour le curieux historique : « Comment, vous ignorez ça, vous ! Mais les Cévennes, c’est le petit pays devant lequel le Roi Soleil dut mettre les pouces ! » ou, mieux : « utilisez le De Bello Gallico, mon cher, Jules César vous renseigne… Et bien d’autres, devenues machinales, et qu’on ne me laisse pas oublier, hélas ! si bien qu’il m’arrive de répondre : « Où sont les merveilleuses Cévennes ? Je ne vous le dirai pas, si trop de gens le savaient, elles ne seraient plus ce qu’elles sont ! »
Ci-dessous, vous pouvez télécharger au format PDF le parcours littéraire de Jean-Pierre CHABROL :